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Détail de l'auteur
Auteur Eric Pommier (1974-....)
Titulaire d'un doctorat de philosophie contemporaine à Paris 1 en 2009
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Le sens de la vie chez Hans Jonas / Eric Pommier in Etudes, 4184 (Avril 2013)
[article]
in Etudes > 4184 (Avril 2013) . - 485-496 p.
Titre : Le sens de la vie chez Hans Jonas Type de document : texte imprimé Auteurs : Eric Pommier (1974-....), Auteur Année de publication : 2013 Article en page(s) : 485-496 p. Langues : Français Résumé : Hans Jonas naît en 1903 en Allemagne, quasiment avec le siècle dont il traversera les épreuves qui marqueront sa philosophie. Élevé dans un milieu de confession juive, très impliqué pendant un temps dans le sionisme, il recevra l'enseignement de Husserl, de Heidegger et de Bultmann. Il sera proche de Leo Strauss, de Günther Anders et surtout d'Hannah Arendt dont l'amicale fidélité durera toute sa vie, à l'exception près d'une période de brouille consécutive à la publication d'Eichmann a Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal. Il fréquente Karl Löwith et Hans- Georg Gadamer. C'est la prise de pouvoir de Hitler qui viendra mettre un terme à cette vie d'étudiant passionné qui s'était concrétisée par un travail de doctorat portant sur le sens de la Gnose dans l'Antiquité tardive et dont Heidegger avait accepté la direction. Obligé de fuir, Jonas s'exile à Londres puis émigre en Palestine où il se lie à Gershom Sholem. L'entrée en guerre de l'Allemagne coïncide avec l'engagement militaire de Jonas qui jure de revenir dans son pays sous l'uniforme du soldat d'un pays libérateur. C'est au sein de l'armée britannique qu'il portera les armes. Les intermit- tences du combat lui laissent la possibilité de poursuivre son travail de philosophe, ce qu'il fera loin des bibliothèques, notamment dans une correspondance nourrie et savante - à propos de la philosophie de la biologie - avec sa femme Lore, décédée il y a peu, quelque vingt ans après la mort de son époux en 1993. Entrant dans un pays libéré de la barbarie nazie en 1945, il apprend la mort de sa mère en camp de déportation. Hans Jonas poursuivra ensuite des activités d'enseignement à Jérusalem et au Canada avant de devenir professeur à la New School for Social Research de New York en 1955 où il accomplira le reste de sa carrière1.
Hans Jonas n'est pas inconnu du public cultivé. En revanche, la perception de son oeuvre n'est pas appréhendée dans sa continuité et dans son unité. C'est au contraire de manière dispersée, parfois même au prix de la distorsion de ses concepts les plus fondamentaux, que sa pensée est divulguée. Tantôt on sait qu'il s'est intéressé à la Gnose2 ou bien qu'il a écrit un ouvrage de théogonie portant sur le concept de Dieu après Auschwitz, tantôt on connaît Jonas à cause du principe responsabilité qu'il a formulé et du souci pour les générations futures qu'il a exprimé. Pourtant le lien qui unit ces différents aspects de sa philosophie semble faire défaut et l'anecdote contée par Ricoeur, à qui un étudiant américain avait demandé si le Monsieur Jonas de la Gnose était parent avec le Hans Jonas de la responsabilité, est à cet égard révélatrice.
C'est pourtant bien autour du thème unificateur de la vie que cette philosophie trouve son unité, philosophie dont Hans Jonas lui-même récapitule les trois moments de la manière suivante :
Ce fut tout d'abord l'effort de relire la Gnose de la fin de l'Antiquité a la lumière de l'analytique existentiale. Ensuite, il y eut la rencontre avec les sciences de la nature sur la voie d'une philosophie de l'organisme. Puis finalement le tournant depuis la philosophie théorique vers la philosophie pratique - c'est-à -dire vers l'éthique - en réponse au défi de plus en plus incontournable de la technique.3
Comme nous allons le voir, on pourrait dire en effet que c'est en découvrant un air de famille entre l'esprit de la Gnose et l'existentialisme contemporain qu'Hans Jonas est amené à prendre conscience d'une logique à l'oeuvre dans l'histoire de la pensée qui la conduit à oublier la vie. Dès lors s'imposera à lui la nécessité de sortir la vie de cet oubli en la prenant pour thème d'une réflexion construite en dialogue avec les données de la biologie. Fort d'une telle philosophie de la vie, il pourra alors prendre en charge les défis contemporains lancés par la technique en proposant une éthique de la responsabilité, qui nous dresse des obligations à l'égard de la vie et des générations futures.[article] Le sens de la vie chez Hans Jonas [texte imprimé] / Eric Pommier (1974-....), Auteur . - 2013 . - 485-496 p.
Langues : Français
in Etudes > 4184 (Avril 2013) . - 485-496 p.
Résumé : Hans Jonas naît en 1903 en Allemagne, quasiment avec le siècle dont il traversera les épreuves qui marqueront sa philosophie. Élevé dans un milieu de confession juive, très impliqué pendant un temps dans le sionisme, il recevra l'enseignement de Husserl, de Heidegger et de Bultmann. Il sera proche de Leo Strauss, de Günther Anders et surtout d'Hannah Arendt dont l'amicale fidélité durera toute sa vie, à l'exception près d'une période de brouille consécutive à la publication d'Eichmann a Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal. Il fréquente Karl Löwith et Hans- Georg Gadamer. C'est la prise de pouvoir de Hitler qui viendra mettre un terme à cette vie d'étudiant passionné qui s'était concrétisée par un travail de doctorat portant sur le sens de la Gnose dans l'Antiquité tardive et dont Heidegger avait accepté la direction. Obligé de fuir, Jonas s'exile à Londres puis émigre en Palestine où il se lie à Gershom Sholem. L'entrée en guerre de l'Allemagne coïncide avec l'engagement militaire de Jonas qui jure de revenir dans son pays sous l'uniforme du soldat d'un pays libérateur. C'est au sein de l'armée britannique qu'il portera les armes. Les intermit- tences du combat lui laissent la possibilité de poursuivre son travail de philosophe, ce qu'il fera loin des bibliothèques, notamment dans une correspondance nourrie et savante - à propos de la philosophie de la biologie - avec sa femme Lore, décédée il y a peu, quelque vingt ans après la mort de son époux en 1993. Entrant dans un pays libéré de la barbarie nazie en 1945, il apprend la mort de sa mère en camp de déportation. Hans Jonas poursuivra ensuite des activités d'enseignement à Jérusalem et au Canada avant de devenir professeur à la New School for Social Research de New York en 1955 où il accomplira le reste de sa carrière1.
Hans Jonas n'est pas inconnu du public cultivé. En revanche, la perception de son oeuvre n'est pas appréhendée dans sa continuité et dans son unité. C'est au contraire de manière dispersée, parfois même au prix de la distorsion de ses concepts les plus fondamentaux, que sa pensée est divulguée. Tantôt on sait qu'il s'est intéressé à la Gnose2 ou bien qu'il a écrit un ouvrage de théogonie portant sur le concept de Dieu après Auschwitz, tantôt on connaît Jonas à cause du principe responsabilité qu'il a formulé et du souci pour les générations futures qu'il a exprimé. Pourtant le lien qui unit ces différents aspects de sa philosophie semble faire défaut et l'anecdote contée par Ricoeur, à qui un étudiant américain avait demandé si le Monsieur Jonas de la Gnose était parent avec le Hans Jonas de la responsabilité, est à cet égard révélatrice.
C'est pourtant bien autour du thème unificateur de la vie que cette philosophie trouve son unité, philosophie dont Hans Jonas lui-même récapitule les trois moments de la manière suivante :
Ce fut tout d'abord l'effort de relire la Gnose de la fin de l'Antiquité a la lumière de l'analytique existentiale. Ensuite, il y eut la rencontre avec les sciences de la nature sur la voie d'une philosophie de l'organisme. Puis finalement le tournant depuis la philosophie théorique vers la philosophie pratique - c'est-à -dire vers l'éthique - en réponse au défi de plus en plus incontournable de la technique.3
Comme nous allons le voir, on pourrait dire en effet que c'est en découvrant un air de famille entre l'esprit de la Gnose et l'existentialisme contemporain qu'Hans Jonas est amené à prendre conscience d'une logique à l'oeuvre dans l'histoire de la pensée qui la conduit à oublier la vie. Dès lors s'imposera à lui la nécessité de sortir la vie de cet oubli en la prenant pour thème d'une réflexion construite en dialogue avec les données de la biologie. Fort d'une telle philosophie de la vie, il pourra alors prendre en charge les défis contemporains lancés par la technique en proposant une éthique de la responsabilité, qui nous dresse des obligations à l'égard de la vie et des générations futures.